Parle

Parle parle parle parle parle parle.
Ne sais-tu pas que la première galaxie est née directement de l’ode à la communion?
pArLe pArLe.
Bouge tes mains. Comme si tu orchestrais la forêt derrière toi, parce que oui, tu fais danser les mots quand tu t’abandonnes à ta parole.
Malgré tout ce qu’on te dit sur la logique et son pragmatisme infaillible, tu continues de tomber, malgré, bien malgré toi et tes rêves encagés en lions vaccinés, tu fais de la soupe de grand-mère avec ta parole.
Parle parleparlepalrparleparlepalrpaprlaarplepaprlp.
Même si c’est croche, c’est toujours vrai. Parce que t’as réellement établi le canal entre toi et le reste.

Étripes le silence, en riant, avec les mots que tu veux et les mots qui te veulent.
Parle plus fort et fâche-toi sur les cravatés qui parlent en chiffre.

 

Carrière

Je serais aller en communication
Mais j’avais rien à dire dans le micro
Je vais aller en philosophie
Chercher quoi brasser dans ma tête
Je voudrais écrire et parler
Ou bien te lire et t’écouter
Je voudrais que les choses bougent autour de moi
Que j’en vienne à me demander si c’est moi qui brasse
Mais j’ai rien à brasser encore dans ma tête
Je vais aller en philosophie
Chercher quoi dire dans le micro
Pour redresser notre communication

Baisse pas le menton

Nos humeurs végétales s’accordent parfaitement à la pluie
Parfaitement à l’orage
Parfaitement au blizzard

Ne me fais plus courir loin des tableaux indicateurs
Loin des bulletins barbouillés
Loin des égouts de Brossard

La faim nous donne une belle raison d’attendre en fil
Une raison d’être anxieux
Une raison de veiller tard

Chanson semi-romantique

Le démon coupe ses cheveux sur ta chaise
J’ai compris le manque de malaise
Quand je t’ai vu cachée dans les falaises

Ne meurt plus le cadenas sur le cœur
Ça laisse trop d’espace pour les foreurs
Pour qu’ils y soupirent leurs horreurs

T’as l’instinct qui vire broche à foin
Quand les heures retirent leurs derniers freins
Dur de trouver lumière dans un coin

Parle-moi
De toi
J’ai le dos large
Je t’emporterai dans mes bras

 

 

 

 

Y pleut

J’en ai pris des plombs dans chapelle
Pour tout prendre
Pour tout prendre en riant, pour prier un peu
Les yeux ouverts

J’en ai avalé des remords
Creux à se perdre
Creux à se perdre de vue, dans le noir brûlant
J’en mastique encore

J’ai le sourire sincère quand je vire amnésique
Fais-moi oublier
Mais si tu me gèles, gèle-toi aussi
Pour qu’on aligne nos travers psychiques

 

 

Bruyant dans le blizzard

Je t’invite à venir dégueuler tes phobies avec moi
On sera deux, on sera six et peut-être des trentaines
On braillera nos travers, nos cancers les plus salauds
Je te les arracherai avec mes dents branlantes si y faut
Tu me traîneras, moi pis mon orgueil, dans ta salle de bain
On sera deux, on sera huit, pis bientôt cent
Tu saisiras mes vices de ton harnais éclatant
On sera une douzaine à se sourire en chorale
Je te promettrai d’oublier toutes nos créances
Tu saisiras qu’on était à peine deux ou trois cennes rouillées

On sera quelques-un à s’émerveiller de nos grèves
On sera presque quinze avec l’oreille collée sur la tempe de l’autre
À se câller comme des chasseurs dans le blizzard
On y sera lentement, à force d’enfourcher nos angoisses

Mille morceaux

Le robinet noie toutes nos discordes
Et les guerres qui sortent de nos gorges

Ma tête n’est pas un casse-tête mille morceaux
Mais tu les plonge quand même dans l’eau

Répète-moi les choses qui sont simples
Comme tes yeux que jamais je ne grimpe

Et même le chaos veut plus nous voir la face
Et la paix se dit: «Je me suis trompé de race»

J’aurais pas du cliquer sur ton nom, je dormirai pas

Je t’ai aimé jusqu’à me retenir.
Parfois je fermais mes yeux en te voyant, tellement que je te voulais pour plus longtemps que ce que mon regard aurait pu capter. Les mots les plus doux, les plus vrais, je ne te les ai jamais dit, non c’est vrai. Même qu’aujourd’hui j’essaye de les noyer, ils poussent quand même, ils poussent crochent, ils me rentrent dans les côtes.

J’aurais très bien pu te serrer, tout te dire, te promettre l’avenir, j’aurais pu.

Mais je t’ai aimé jusqu’à me retenir.

Regarde-moi plus

Oublier mon nom

J’ai envie d’être chrétien.
Envie de vivre avec l’amour comme gouvernail, d’oublier mon nom, de le confondre avec celui de mon voisin. De croire à la magie, à la joie qui se propage, aux sourires contagieux. D’espérer, de faire confiance, de donner. J’ai envie de mourir pour une raison.
Au fond, j’ai envie d’être chrétien, mais sans le nom.
J’ai plutôt envie de le vivre, de faire le voyage, d’oublier mon nom.